Dec 28, 2015 | News

Déclaration de l’UA/NEPAD à propos du Plan d’Action du G20 sur la volatilité des prix alimentaires et l’agriculture

Le défi de la sécurité alimentaire

 1. Deux tiers des africains tirent leur revenu de l’agriculture et dépensent entre 50 et 80% de leur revenu pour l’achat de nourriture. Ces chiffres montrent l’importance de l’agriculture sur le continent.

2. L’insécurité alimentaire reste le plus grand défi des pays en développement et des pays africains en particulier et les mesures que prendront les pays du G20 peuvent avoir un impact direct sur la vie quotidienne des africains. D’où leur importance pour nous Africains.

3. La sécurité alimentaire est un enjeu de souveraineté et de sécurité nationale, c’est pourquoi tout ce qui y participe doit être discuté avec les Etats et les organisations régionales. Les dispositifs spécifiques présents dans de nombreux pays, ceux mis en place par les institutions spécialisées régionales  doivent être au cœur des réflexions de nos partenaires lorsqu’ils réfléchissent à des systèmes de mitigation des effets de l’insécurité alimentaire. Cela vaut en particulier pour la question sensible des réserves alimentaires stratégiques.

Le rôle du G20

4. Sachant que les pays du G20 représentent plus de 85% de la production mondiale comme des exportations de produits alimentaires, on voit la responsabilité de ces pays dans la mise en place de mesures qui contribuent au bien-être commun et nous saluons leurs efforts. Leur poids dans les équilibres alimentaires mondiaux est primordial et nous les encourageons à mettre en place des mesures ambitieuses comme la restauration de niveaux de production et de stocks qui limitent les tensions sur les marchés et qui pourront bénéficier à la communauté entière.

La perspective des pays africains

5. Les pays africains ne se placent pas dans une perspective de dépendance vis à vis des approvisionnements extérieurs qui resteront incertains en prix et en volumes. Notre ambition va clairement vers le développement de notre agriculture et de nos marchés ; le NEPAD œuvre à cela à travers le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA). Nous considérons que nous devons pouvoir compter au maximum sur nos propres productions pour subvenir à nos besoins alimentaires. Il n’y a pas de vocation importatrice de l’Afrique.

6. Les pays du nord et les pays émergents ont commencé d’abord par conquérir leur marché intérieur pour ensuite bénéficier des gains de productivité acquis pour éventuellement exporter. Cette orientation sur la demande intérieure s’est faite grâce à un environnement économique favorable et stable, qui a permis de stimuler l’accès aux facteurs de production, d’accroitre la productivité et de bénéficier de prix rémunérateurs : par exemple accès à des crédits  bonifiés et perspectives de revenus prévisibles grâce à des prix régulés ou à des paiements compensatoires.  Nous ne demandons rien de plus pour nos producteurs : Il s’agit juste de pouvoir appliquer les recettes qui ont fait le succès des pays du G20.

7. L’actualité à l’OMC nous rappelle aussi que peu de choses ont avancé sur le front des négociations internationales agricoles depuis près de 10 ans. L’échec de Doha nous offre l’opportunité de rebondir positivement et de façon pragmatique pour avancer sur des dossiers d’importance cruciale pour tous les PED et les pays africains en particulier. Des accords préalables  devraient désormais être recherchés sur toutes les questions qui touchent directement á la sécurité alimentaire des  pays les plus vulnérables. Cela doit aussi concerner certains produits d’exportation qui jouent un rôle vital dans la lutte contre la pauvreté dans certaines régions africaines. Nos pays ont besoin de stabilité c’est pourquoi les dispositions prévues dès 2004 dans l’accord agricole doivent déboucher sur des mesures concrètes en particulier en ce qui concerne les mécanismes de sauvegarde spéciale ou les subventions sur des produits spécifiques.

8. Nous encourageons au pragmatisme en matière de soutien aux agriculteurs africains en facilitant l’acquisition d’engrais grâce à des subventions (smart subsidies) si les marchés ne fonctionnent pas assez bien pour en fournir à prix raisonnables. Nous soutenons l’idée d’un mécanisme innovant de financement de l’accès aux intrants agricoles et souhaitons que le secteur privé en soit partie prenante. Nous y réfléchissons de notre côté et encourageons des initiatives dans ce sens qui pourraient venir de nos partenaires du G20.

9. Ceci nous donne l’occasion de rappeler que le mandat de Séoul donné au G20 prévoyait d’instruire la question de l’augmentation de l’approvisionnement des marchés par les petits producteurs et du renforcement de leur accès aux marchés. Nous souhaitons que le G20 se penche sur cette question qui concerne la quasi totalité des producteurs africains et représente une majorité des volumes produits.

10.  L’Afrique entretient des relations de dialogue avec la communauté internationale qui se bonifient. Nos pays sont attachés au multilatéralisme. La réforme de la FAO à laquelle l’Afrique a énormément contribué  a mobilisé notre énergie à tous. Nous devons avoir confiance dans le succès de cette réforme c’est pourquoi, en conformité avec les mandats que nous lui avons conféré, il convient de soutenir sa place centrale et au bénéfice de tous dans les propositions concernant l’information sur les marchés et la sécurité alimentaires.

11.  La décision prise par l’UA lors du sommet de Kampala en 2010 de se doter d’une agence de développement sous sa responsabilité – l’agence du NEPAD - montre que les africains se donnent de plus en plus les moyens de construire un destin commun. Cette année, le NEPAD aura 10 ans ; il s’appuie sur des évolutions majeures des Etats en faveur de leur développement. Le réengagement est manifeste : les recettes des Etats qui constituent à présent la principale source de financement du développement représentent désormais plus de 80 % des ressources financières pour l'Afrique. Avec des taux de croissance proches de 7% avant la crise l’Afrique montre qu’elle peut devenir une puissance avec laquelle il faut compter.

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