MUVA’titude : Transformer l'EFTP pour offrir une formation sur les compétences
Le projet MUVA'titude se concentre sur le problème fondamental des jeunes femmes au Mozambique à savoir le manque confiance en soi ; elles ont besoin d’être sûres d’elles pour achever leur formation technique et trouver un emploi. Les programmes de formation professionnelle et de placement abordent actuellement les questions de compétences techniques et connaissances spécialisées dont les jeunes femmes ont besoin pour travailler, sans tenir compte du pouvoir interne dont elles ont besoin pour obtenir un travail décent et réussir dans ce domaine.
MUVA'titude est un projet centré sur l'étudiant, qui associe les compétences sociales et émotionnelles à la formation technique. Les jeunes femmes participent à un programme qui identifie d'abord leurs forces et leurs intérêts naturels, puis cultive ces éléments au moyen d’outils et d’instructions pratiques. En permettant aux jeunes femmes de développer leurs capacités et leur estime de soi, nous pensons que nous pouvons réduire l'un des principaux obstacles au travail des femmes. L'approche s'articule autour d'un certain nombre de principes fondamentaux qui sont les suivants : 1) la formation est basée sur les besoins du marché afin de s'assurer que les compétences développées sont celles requises par les employeurs; 2) la mise en œuvre de l'approche est assurée par des organisations locales basées dans la communauté, en partenariat avec des institutions d'EFTP et des employeurs des secteurs privé et public; 3) l’utilisation d’un apprentissage actif, basé sur l'expérience, les opinions et les connaissances des participants. L'apprentissage actif offre aux jeunes un environnement créatif leur permettant d'expérimenter différentes possibilités, de relever différents défis et d'apprendre par la pratique ; 4) la méthodologie développe à la fois des aptitudes et des compétences inter et intra personnelles; et 5) l'exploration des racines et des impacts de l'inégalité des genres est profondément ancrée dans tout le processus.
Au total, 638 jeunes (399 jeunes femmes et 249 jeunes hommes) âgés de 17 à 25 ans ont été formés dans 6 quartiers ; la majorité (80%) étant âgés de 20 à 24 ans. 70% des jeunes femmes sont déjà mères et 35% des jeunes hommes sont pères. Plus de 60% sont orphelins et, tous vivent bien en dessous du seuil de pauvreté national.
Nous avons constaté que les personnes les plus vulnérables et les moins instruites étaient plus susceptibles d’abandonner la formation et, finalement, près de 40 % des moins de 18 ans ont abandonné la formation. Cette analyse reflète les niveaux élevés de vulnérabilité au sein du groupe cible. Toutefois, il est important de noter que les filles étaient moins susceptibles d'abandonner la formation que les garçons et que, même si les pertes au cours du premier cycle de formation aux compétences générales étaient élevées, une fois que les jeunes commençaient la formation technique, ils étaient beaucoup moins nombreux à l’abandonner que ce que le modèle précédent du FIP avait enregistré.
L'autonomisation remet en question le statu quo et les réactions des familles et des communautés pour essayer de modifier les normes ou les dynamiques sociales ; cette tentative n’est pas toujours positive. En outre, certains des sujets couverts par le cours peuvent soulever des questions délicates ou évoquer des expériences traumatisantes pour les participants. Afin d’éviter ou d'atténuer les éventuels préjudices aux participants de la MUVA'titude, une politique de protection et un code de conduite ont été élaborés et prévoient notamment l'orientation vers un réseau de services dont les jeunes femmes peuvent avoir besoin, tels que le conseil, la santé sexuelle et reproductive, l'alcoolisme et la toxicomanie, le soutien juridique et les réponses aux violences liées au genre.
La méthodologie de formation réfléchie et dirigée par des jeunes a contribué au succès du projet. La réflexion et la responsabilité personnelle sont la philosophie fondamentale qui sous-tend la méthodologie de formation, tout en reconnaissant que l'environnement doit soutenir l'individu pour qu'il puisse agir sur les résultats de sa réflexion. Les participants reçoivent des conseils pour réfléchir à leur comportement et ont l'occasion de tester de nouveaux comportements dans un lieu sûr. Le fait que les animateurs de cette réflexion soient eux-mêmes des jeunes donne confiance aux participants ; les animateurs servent également de modèles pour les comportements que le projet cherche à promouvoir. Enfin, l'engagement et le retour d’informations régulier aux parents et à la communauté ont commencé à créer le type d'environnement de soutien qui permettra aux changements de comportement et d'attitudes de se propager à l'extérieur de la salle de formation.